Alors que les négociations de la COP 21 commencent à Paris en minimisant semble-t-il l’impact de l’agro-industrie sur le climat, la ferme de Jean Esturonne à Lys, reprise par deux de ses fils, continue d’innover en modernisant l’activité pastorale traditionnelle de ce piémont laitier pyrénéen. Slow Food rappelle depuis plusieurs années que le Béarn doit beaucoup mieux valoriser la qualité de ses élevages en développant les ressources naturelles en herbe. Les conditions climatiques, alliées au contexte pyrénéen, y sont ici particulièrement favorables à la croissance de la végétation, comme en témoigne même durant l’été, la dominante très verte des paysages béarnais.
Du séchage de l'herbe par récupération de la chaleur solaire à la permaculture:
visite des fermes de Jean Esturonne, Laurent Paroix et Nathalie Barthet
Alors que les négociations de la COP 21 commencent à Paris en minimisant semble-t-il l’impact de l’agro-industrie sur le climat, la ferme de Jean Esturonne à Lys, reprise par deux de ses fils, continue d’innover en modernisant l’activité pastorale traditionnelle de ce piémont laitier pyrénéen. Slow Food rappelle depuis plusieurs années que le Béarn doit beaucoup mieux valoriser la qualité de ses élevages en développant les ressources naturelles en herbe. Les conditions climatiques, alliées au contexte pyrénéen, y sont ici particulièrement favorables à la croissance de la végétation, comme en témoigne même durant l’été, la dominante très verte des paysages.
Par contre la fenaison des trois coupes d’herbe qui peuvent s’y succéder, reste aléatoire à cause des caprices de la pluviométrie. Pour contrecarrer ce handicap récurrent, la ferme Esturonne s’est dotée, en s’inspirant d’autres initiatives notamment autrichiennes, d’un ingénieux système de récupération de la chaleur solaire piégée dans les étroits combles laissés entre toiture et isolation, sur toute la surface d’une imposante bergerie. Cet air chaud obtenu sans utilisation d’énergie fossile est simplement repris par un ventilateur à faible consommation électrique et envoyé sous le caillebotis du fenil sur lequel on dépose par couches successives l’herbe simplement fauchée quelques heures auparavant. Très peu exposé aux rayons du soleil, encore un peu vert et peu remué, ce fourrage conserve en séchant durant 2 à 3 jours, à l’abri du mauvais temps et traversé par l’air chaud, toutes ses qualités nutritionnelles et notamment sa teneur en oméga 3. On en connaît l’importance pour la qualité du lait et la santé du troupeau. Rien qu’à l’odeur et à la souplesse on comprend que les gourmandes et délicates brebis, soient très friandes de cette nourriture de premier choix provenant de prairies de plus en plus naturelles et simplement enrichies de fumier composté.
Cette innovation peu énergivore s’inscrit dans une perspective d’agriculture durable recherchant la qualité. Elle est complétée par un ingénieux système suspendu de manutention du foin importé d’Autriche (voir photos), qui peut approvisionner toute la bergerie, en réduisant et facilitant considérablement le travail. Réalisé il y a 8 ans cet équipement d’avant-garde a fait très peu d’émules. Les instances professionnelles n’ont toujours pas mesuré l’intérêt que peut représenter dans un Béarn autocentré sur le maïs, la réhabilitation du lait et de la viande à l’herbe pour des troupeaux ovins ou bovins, herbivores par nature ! A l’époque, face au scepticisme du Crédit Agricole c’est la Banque Populaire qui a facilité cet investissement de 200000€ qui a pu ainsi bénéficier pour moitié d’une subvention incitative au titre de l’AOC Ossau Iraty. Dans cette bergerie aujourd’hui exemplaire également par son aération et la distribution automatique de quelques compléments alimentaires, tout participe au bien- être animal et les quelques 500 brebis autochtones basco-béarnaises qui pratiquent la transhumance d’été, atteignent la performance moyenne de 240 litres de lait par an. Et c’est toujours la coopérative que Jean Esturonne a contribué à fonder à Louvie-Juzon qui affine et commercialise toujours les excellents fromages purs brebis, la ferme n’ayant pas choisi, sauf rares exceptions, la vente directe. Elle est aussi en attente d’une solution collective pour alimenter une unité de méthanisation qui permettrait de résoudre le problème du petit lait et autres résidus.
La « Ferme du vallon »près des Bains de Secours à Sévignaq- Meyrac, où Laurent Paroix nous accueille ensuite, est à une toute autre échelle et résolument orientée vers les circuits courts. S’il conserve de son installation aux côtés de son père un troupeau de brebis avec la construction d’une fromagerie un peu surdimensionnée, il s’oriente maintenant vers une diversification en constituant un original petit troupeau de vaches Tarines achetées en Savoie et choisies pour leur qualité butyrique. Sans doute aussi, outre leur belle robe brune, pour leur rapport docile, presque affectif à l’éleveur, que Laurent privilégie. Les tommes obtenues avec leur lait s’avèrent savoureuses, onctueuses mais typées. Elles complètent avec celles de brebis ou mixtes, toute la gamme de produits laitiers qui comporte aussi : yaourts, greuilh, crottins et fromage blanc, proposés à la ferme, ou sur les marchés et bientôt à l’« épicerie » de producteurs d’Oloron.
A Rébénacq, la Ferme du Hourquet de Nathalie Barthet, un peu à l’écart du village est surtout connue et fléchée pour son fromage de chèvre. Mais très vite on comprend que sur ces quelques terres très pentues léguées par sa grand-mère, après un saut de génération, l’installation de Nathalie venue de la ville, était un véritable défi. Dynamisme, passion et détermination qui transparaissent toujours dans les propos d’accueil expliquent sans doute la réussite puisque aujourd’hui Chloé rejoint et s’associe au projet. La réhabilitation respectueuse des anciens bâtiments, le choix du bois et le confort de la bergerie ouverte sur ce magnifique balcon face à la chaîne des Pyrénées toute proche , l’omniprésence de poules en liberté et même d’oies, le petit troupeau de blondes d’Aquitaine complété désormais par une vache et une génisse de race Jersiaise et même quelques productions maraîchères : tout indique un foisonnement d’idées et d’initiatives pour demain. Car Nathalie a une approche globale, nous parle des écosystèmes qu’elles veut conforter sur son exploitation, en s’inspirant des principes de la permaculture. Un beau projet qui devrait satisfaire sa clientèle des marchés urbains ou des AMAPs déjà séduite par la qualité et la diversité des produits remarquables, qu’elle propose déjà. Même si la dominante chèvre s’estompe un peu on ne regrettera sans doute pas la diversification qui s’annonce.
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