Nous avons rencontré une famille passionnée et exemplaire. Christian Lafforgue raconte comment, après avoir hérité de l’exploitation de ses parents dans les années 80, il a exercé son métier d’agriculteur. En bon élève, il a mis en pratique tout ce qu’il avait appris « à l’école ». « Tout ce qu’il fallait faire pour être riche ! » Arracher les haies, drainer… L’opportunité d’achat de terres jouxtant son exploitation se présentant, il agrandit celle-ci, passant de 43 à 60 hectares. S’interrogeant sur le rôle des coopératives qui commercialisaient ses productions, il entame, avec son épouse France une réflexion sur ses pratiques, autant dire « une véritable révolution ». Il veut revenir à « des choses plus saines ».
Il replante autant de haies qu’il n’en avait arrachées, et se passionne pour la défense des races anciennes : vache mirandaise, porc gascon, lapin-chèvre, dinde gasconne, oie de Toulouse poule d’Astarac. On peut même y voir un porc à poils laineux de la race roumaine mangalica.
Dès cette époque, il met en pratique les idées de Slow Food, biodiversité, respect du vivant, sans adhérer à l’association mais en connaissant son existence. Elevage en plein air des 40 vaches mirandaises (mais aussi des porcs gascons) exclusivement à l’herbe, sauf pour la finition qui se fait avec de la luzerne (à titre de comparaison, la blonde d’Aquitaine reçoit 2 tonnes de mélange de céréales auxquelles on ajoute des compléments alimentaires). « On fait du vrai bœuf, pas du bœuf de supermarché » ! en pensant certainement aux vaches de réforme ; « on garde tous les mâles ». A la question « quels sont vos réseaux de commercialisation ? Il répond tout simplement : la vente directe (ferme auberge, conserves, et parfois colis de viande fraîche), mais aussi partenariat des éleveurs de mirandaise avec des bouchers de la région 2 fois par an, du 01 au 15-08, et du 01 au 15-12. Pour envisager d’approvisionner les cantines scolaires il faudrait une production bien supérieure !
Parallèlement à ses activités d’éleveur, il souhaite faire connaître au public et surtout aux enfants les races locales pour lesquelles il dépense beaucoup d’énergie (avec succès d’ailleurs !). La ferme du couple devient ferme pédagogique, en lien avec les écoles, elle reçoit des groupes d’enfants ; les petits animaux sont fondamentaux pour cette activité. La visite de la ferme est très instructive pour les scolaires qui peuvent aussi jardiner, découvrir aromates et plantes médicinales, participer à des ateliers de dégustation et autres activités. Enfin, pour diversifier ses revenus, la famille a développé une activité de tourisme en construisant des chalets. Un étang artificiel complète le dispositif ; il constitue une réserve pour l’arrosage, la boisson des animaux mais aussi pour les pompiers en cas d’incendie.
D’autre part, il reconnaît apprécier la bonne chère, c’est ainsi que l’idée de s’orienter vers la création d’une ferme-auberge s’est imposée. Se faire plaisir tout en valorisant les produits de la ferme ! L’un des fils est en cuisine, son épouse assure le service avec un grand sourire. Un super repas nous a été proposé à midi sur la base des produits de la ferme. Par manque de temps nous n’avons pas pu nous arrêter à la boutique. (Contact : site internet: aoueille.com )
« Gambas d’ici » peut-on lire à l’entrée de l’exploitation de Géraud Laval. De quoi éveiller notre curiosité ! Surprenant, Géraud Laval, anticipant le réchauffement climatique, élève avec succès à partir de février des Gambas d’eau douce. Vétérinaire de formation, il a quitté son emploi dans les services vétérinaires départementaux pour se lancer dans ce projet. Il a réussi à implanter Macrobrachium Rosenbergii, une espèce tropicale indonésienne résistante et excellente, présente partout sauf en Europe et pouvant atteindre, exceptionnellement, 600g. Il a pu obtenir les autorisations d'implantation car cette espèce ne peut pas survivre en dessous de 13°C et elle ne risque donc pas de devenir invasive.
De plus, elle est élevée dans des bassins en circuit fermé qui ne craignent ni chaleur, ni sécheresse, avec une approche écoresponsable remarquable, qu’il qualifie, à juste titre de très vertueuse car peu d’intrants. Les gambas se nourrissent essentiellement de plancton dont le développement est favorisé par leurs déjections mais aussi par l’ajout de fumier lorsque les bassins son vides. Il dispose de plusieurs bassins qui se remplissent avec l’eau de pluie et partiellement, si besoin, en puisant sur la rivière proche après s’être assuré de la qualité de son eau. La faible quantité de gambas (3 par m3 environ) permet de s’affranchir du recours à des intrants extérieurs. Il produit environ 900 kg de gambas par saison. La dernière pêche avait lieu ce samedi matin, juste avant notre venue, ce qui nous a permis d’en acheter à la fin de la visite (38 euros le kilo).
En hiver, il passe sur un élevage plus traditionnel de truite lorsque les eaux deviennent plus fraîches.
Pour en savoir plus : https://gambas-dici.business.site/