- La châtaigne des Pyrénées


 

Redécouvrons la Châtaigne des Pyrénées : 26 octobre 2013

 

Dans le Piémont pyrénéen la châtaigne, que l’on appelait parfois « le pain des bois », occupait jadis une place importante dans l’alimentation humaine, y compris lorsqu’elle était valorisée comme les glands, par les porcs lâchés dans les sous-bois. Sa place s’est aujourd’hui considérablement réduite, de nombreuses  châtaigneraies résiduelles ne sont ni exploitées ni entretenues, et pour voir l’ampleur des marchés qui lui étaient dédiés à Pau ,ou Nay , il ne reste que d’anciennes cartes postales ! Seules subsistent quelques soirées « Iroles et Bourret » qui, notamment dans quelques salles de fêtes, perpétuent la tradition et ce lien social venu aussi d’un renouveau occitan. Il est temps pour Slow Food Béarn de se préoccuper de la sauvegarde et si possible de la relance de cette production de châtaignes  qui, surtout dans les années 1940, fut victime de la « maladie de l’encre » et ne parvint pas à se restaurer malgré la diffusion  de plants  hybridés plus résistants. La sortie effectuée à Lasseube cet épicentre ancien de la châtaigneraie béarnaise et la rencontre avec Angéline Soudar , jeune productrice qui nous a impressionné par sa passion et son dynamisme, était une sorte de prélude à la démarche de Slow Food qui envisage de classer dans les produits de l’Arche la belle marigoule ou des variétés plus anciennes comme la rousse de Nay. La transformation de la châtaigne des bois, par les porcs noirs gascons de Hughes Moro, utilisés également pour valoriser les déchets de son activité principale orientée vers le maraichage bio, allait logiquement compléter la suite de notre réflexion durant l’après- midi.

 

Angeline a pu reprendre une châtaigneraie d’une quarantaine d’années plantées en marigoule, cette variété naturellement hybridée avec une souche japonaise et qui donne de très beaux fruits et notamment des marrons (terme employé lorsqu’il n’y a qu’un seul gros fruit dans la bogue épineuse). A terme elle envisage de les transformer en partie en marrons glacés dont l’élaboration longue est tout un art. Pour l’heure elle passe de longues heures à ramasser à la main (et ça pique !) dans le bois mal desservi et en pente,  cette belle production qu’elle livre aux AMAP. A partir de janvier elle concrétisera aussi son projet d’installation en maraichage avec une autre collègue. Sa motivation,  sa connaissance de la châtaigne, y compris sous l’aspect recettes, alliées à sa jeunesse nous obligent à chercher comment l’aider dans cette aventure qui correspond si bien aux objectifs de Slow Food. Et d’autres producteurs oubliés par les organisations professionnelles  sont sans doute à découvrir. Car contrairement aux Hautes Pyrénées, à la Dordogne ou à l’Ardèche, dans notre département la Chambre d’Agriculture ne se préoccupe guère de la châtaigne !


 

 

 

Les membres de Slow Food Béarn à la découverte de l'ancienne Châtaigneraie de 1 hectare plantée de Marigoules à Lasseube, sous la conduite et avec les commentaires d' Angeline Soudar.



 

Actualisation en 2021:

    Suite à cette visite de 2013 , Slow Food Béarn a fait des recherches de terrain et s'est documenté pour finalement renoncer à demander un classement dans les produits de l'Arche d'une châtaigne béarnaise. En fait seule la variété Rousse de Nay, en l'état de nos recherches, semblerait correspondre à la définition d'une véritable souche ancienne, remarquable par la couleur brun foncé et la brillance de sa peau associée à une certaine rotondité. Mais les arbres produisant de la Rousse de Nay sont peu nombreux ,  très dispersés et certainement non indemnes d'hybridation.

     Car tout le piémont pyrénéen a été très largement affecté par la maladie de l'encre, un virus qui a ravagé au XIXème siècle, nos châtaigneraies traditionnelles. Des missionnaires basques ont alors procuré notamment aux pépinières Lafitte des plants d'une variété japonaise de châtaignes, résistants à la maladie. Sur la photo en haut à droite cette variété Japonaise se distingue par sa couleur brune plutôt que marron, plutôt terne que brillante, assez grosse avec goût plus fade et une texture plus farineuse que croquante lorsqu'elle est grillée. Par hybridation de nouvelles variétés sont apparues y compris dans d'autres régions, notamment la Marigoule une belle châtaigne pouvant donner des marrons.


On parle de marron lorsque dans la bogue épineuse , il n'y a qu'un seul fruit. Sur la photo ci dessus, la Rousse de Nay se trouve en bas à droite, les autres variétés notamment basques sont a des degrés divers hybridés avec la Japonaise. Notre conseil: sur les marchés choisissez les châtaignes les plus brillantes, marron rouge foncé, dodues et un peu rondes : ce sont celles qui peuvent avoir le goût le plus authentique de la Châtaigne béarnaise qui hélas n'a pas encore bénéficié d'une sélection suffisante.