Depuis 2015, c’est le 5ème voyage que Slow Food Béarn organise en Roumanie sans oublier le périple prémonitoire en Ukraine Moldavie en 2018.
Séjours surprenants et riches, minutieusement préparés par nos amis franco-roumains Bernard et Doinita Houliat dont nous recommandons l’agence Via Carpathica (carpathica@yahoo.com) qui conçoit d’exceptionnelles visites, y compris pour des particuliers. Un moyen sûr pour découvrir autrement une Roumanie très attachante, dès qu’on dépasse de regrettables préjugés.
Partis avec Air France le 9 septembre dernier, avec un retour le 22, les Quinze de Slow Food, depuis Bucarest, ont traversé en
bus l’arc Carpatique, jusqu’aux confins avec l’Ukraine au nord. Les 2 premiers jours ont été consacrés au Carpates méridionales très vertes et pastorales autour de Brasov, grande ville saxonne.
La découverte à pied du centre a permis une rencontre surprise avec Dan, réalisateur du film roumain Palme d'or au Festival de Cannes en 2007.
Dans le diaporama défilant plus bas, notre groupe bien installé dans l'église ne semble pas très attentif. Il était beaucoup plus motivé lors des excellents repas de la Casa Pepino, où il fut confortablement hébergé durant 2 nuits.
Après Brasov la découverte des citadelles saxonnes se poursuit avec Prejmer et Viscri (inscrites à l’UNESCO) puis Sighisoara peut-être la plus belle. Cette succession de places fortes jalonnant l’arc oriental des Carpates, correspond à l’orée du XIIème siècle aux incursions des Tatars venus de l’est pour piller plus à l’ouest les riches plaines hongroises. Si bien que Géza II Roi de Hongrie eut l’idée , comme dans notre Sud-Ouest avec la création des Bastides à la même époque, de faire appel à des colons d’origine allemande ou hongroise pour protéger le flanc oriental dépeuplé de son royaume, en les installant dans de nouvelles places fortifiées.
Outre ce passé, le but du voyage était surtout orienté vers la découverte d’activités pastorales ou agricoles de qualité avec la gastronomie qu’elles engendrent, bien dans l’esprit Slow Food. D’ailleurs c’est le représentant pour la Transylvanie de notre association internationale qui va remarquablement nous accueillir sur son exploitation dite des 3 frères bergers et nous guider lors de plusieurs visites notamment au Centre de Développement local qui sert de base à leurs activités. Suivra la production paysanne des célèbres porcs à poils laineux de race Mangalitza, ou l’activité maraîchère bio avec toujours des repas d’exception dont ceux préparés par Tinea, une cuisinière auteur d’un livre de recettes en hongrois, au Moulin Malom. On lui doit aussi une remarquable marmite de goulash servant de piquenique lors d’une balade en montagne.
Avec les monts Harghita, ce reliquat de volcanisme, change des paysages calcaires et forme une
partie du pays des Sicules ou la langue hongroise et la religion catholique étaient dominants. Il est connu pour sa gastronomie même si certaines pépites comme le gros pain de Gheoghenie, acheté
dans la ville, est dû à une petite communauté arménienne. Mais aussi pour ses célèbres portails de bois que l’on a pu admirer à Miercurea Ciuc avant de traverser les immenses gorges de Biscaz qui
ouvrent sur la Bucovine (partie de la Moldavie Roumaine), un monde différent à découvrir, très paisible, bien que tout près de l'Ukraine.
Le touriste pressé ne retiendra que les monastères de tradition byzantine et de religion orthodoxe mais qui sont une véritable création Moldave, durant une courte période autour de 1550. Ils se distinguent par la richesse de leurs fresques peintes extérieures, a fresco, qui résistent au temps car à l’abri d’un toit très débordant. Doinita, aussi bien que Tatiana la mère supérieure du Monastère de Sucevita au français et à l’autorité remarquables, excellent dans les explications qui grâce au support artistique sur fond bleu, permettent de mieux comprendre les fondements de la religion orthodoxe qui permet le mariage des prêtres.
La Bucovine « le pays des hêtres » outre l’abondance des champignons surprend aussi par l’approvisionnement de ses grands marchés notamment en légumes et en fruits surtout en automne, tandis que dans les maisons on conditionne pour l’hiver les produits des jardins et vergers luxuriants surtout par lactofermentation ou distillation. L’alcool de prune est un indispensable de chaque maison. Couleurs, odeurs, saveurs, partout vibrent des savoirs faire culinaires souvent ancestraux. La Casa Cui Cervi, maison d’hôtes de Doinita et Bernard nos guides, qui nous hébergeait, cultive et partage admirablement cet art de la cuisine.
Situés a une vingtaine de kilomètres d’un poste frontière avec l’Ukraine, dès l’invasion de ce pays le 24 février, ces chambres d’hôtes ainsi que tout le village de Sucevita se sont généreusement mobilisés pour accueillir et aider des réfugiés fuyant vers l’Europe, puis pour participer à l’approvisionnement de Karkiv. Aujourd’hui après le blanc de l’épisode Covid, l’ombre portée de cette guerre dramatique continue de réduire presque à néant, l’activité touristique de ce pays limitrophe. Ainsi nous ne regrettons pas d’avoir anticipé une relance, alors que tout est calme et sûr. A l’mage de ces paisibles paysages pastoraux qui entourent Sucevita, continuant leur activité d’élevage et fromagère, et si possible d’accueil. Mention spéciale pour ces Houtsoules d’origine slave venus chercher l’ isolement et certaines femmes continuent la tradition très originale des œufs peints.
Lors du retour effectué en train de Suceava à Bucarest, comme la ligne évite si possible la montagne il a été possible de découvrir d'autres paysages. Ceux de grandes plaines agricoles beaucoup moins traditionnels car largement transformés durant la collectivisation des terres de la période Ceausescu qui a aussi défiguré en partie Bucarest. Cependant le Musée National qui regroupe des reconstitutions de l'architecture rurale des différentes régions valait bien une dernière visite avant le retour aérien. Nous en garderons le souvenir de ces sourires si accueillants, comme un symbole de l'image très positive que peut donner la Roumanie lorsqu'on sait la regarder autrement!
Les photos sont de Gilles Guillaume , le texte en partie inspiré par les écrits de
Bernard Houliat et Gilbert Saraillé.