Sortie Maraîchage sol vivant à Lestelle , Chèvrerie Henri IV à Coarraze - 13 mai 2022


 

Le titre d'un article paru dans la presse locale, il y a un peu plus d'un an, avait retenu notre attention :" Jérémy Racaud pratique le maraîchage sur sol vivant" et suscité l'envie d'une rencontre que la covid devait retarder. Car encore très peu de producteurs en Béarn ont adopté cette pratique qui se diffuse lentement depuis la Bretagne et que nous  souhaitons encourager, car la vie,  la santé du sol, précède celle des plantes comme celle des hommes. Pour plus de précisions voir la rubrique "Sols vivants" en page d'accueil de notre site. 

Malgré les tentations d'un mois de mai enfin libre, nous étions 17 à marcher aux côtés de Jérémy  depuis son espace de vente au 1 Rue de la Paix, jusqu'aux 2 hectares enfin obtenus en location, à 1km5, au pied du coteau.

Originaire des Deux-Sèvres, il a délaissé son premier choix vers la cuisine, pour se réorienter vers le maraîchage dans divers établissements agricoles des Pays de l'Adour. Il commencera dans les Landes avant d'arriver en Béarn, une longue expérience de salarié y compris en responsabilité. C'est lors d' un stage décisif animé dans le Gers par François Mulet ( créateur des remarquables vidéos: "Ver de Terre Productions") qu'il deviendra adepte du Maraîchage Sol Vivant (MSV). Et presque à 30 ans, il parviendra enfin à s'installer progressivement à mi-temps, avec le label Agriculture Biologique obtenu en 2018. C'est sa première année en totale autonomie avec l'espérance de pouvoir enfin bénéficier cet été d'un équivalent SMIC , maintenant que les serres et autres investissements ont été réalisés sans emprunt. Un choix sur lequel il s'interroge aujourd'hui. Car Il faut beaucoup d'abnégation, de courage et de passion du métier pour se lancer ainsi, dans la production de 32 légumes bio de grande qualité nutritionnelle,tout en respectant la nature et  les consommateurs locaux. Ne pas compter ses heures , être heureux, mais avec très peu de moyens, est-ce durable? Même s'il peut compter sur la solidarité de quelques voisins ou collègues, l'organisation et la somme de travail, sont lourds à assumer, tandis que la complexité des rotations culturales sur chaque parcelle maraîchère exige des qualités plus intellectuelles. Le seul achat d'occasion d'une belle serre de 80m, à nécessité tous les weekend, pour le démontage, durant 3 mois.


remontées humides qui ont provoqué le dessèchement au centre de la rangée de petits pois (photo 3 ci-dessus). Par contre l'arrosage est moins nécessaire l'été. Aucune des serres n'étant chauffée, lors des froids printaniers un voile blanc de protection, supporté par des bottes de paille, est nécessaire pour préserver les très belles courgettes primeurs (photo ci-contre). L'humidité du sol a retardé aussi la plantation des pommes de terre (variétés Ditta et Agria), posées sur le sol, sans labour, puis couvertes sur 15 cm par la machine à pailler d'un voisin éleveur de canards. Une innovation et une complémentarité qui simplifie le travail et semble donner d'excellents résultats (photo du haut, à droite). En plein champ, et seulement en fin de printemps, pour que le sol humide se réchauffe, soit les bâches tissées sont posées sur les engrais verts, soit après un léger  décompactage de surface, il est recouvert sur 7 à 8cm, par un broyat composté de végétaux arbustifs, dont on aperçoit le tas imposant devant la serre (photo 3 ci-contre).

  Seul, Jeremy doit consacrer beaucoup de son temps à l'activité de production maraîchère, et même en travaillant au delà des 35 heures/semaine, il est obligé de limiter ses prestations pour la vente directe. Une ancienne remise au début de la rue de la Paix, lui permet d'organiser une vente directe 2 fois par semaine aux habitants de Lestelle (photo 6).

Dans les 5 serres comme en plein champ, Jérémy, qui bannit engrais et  pesticides , cherche à restaurer le cycle naturel de la vie et de la fertilité du sol par des itinéraires techniques spécifiques: pas ou léger travail superficiel du sol, apport important de matière organique (broyat de végétaux que lui livre gratuitement l' Ecopôle de Meillon, composté en tas plus d'un an) , engrais vert laissé en surface puis couverture par bâches tissées de 40m (réutilisables 10 ans), irrigation très maîtrisée à partir d'un petit ruisseau providentiel qui traverse la parcelle.

En bordure de la plaine alluviale du gave de Pau, mais au pied de coteaux où les sources sont nombreuses avec des sols plutôt argileux qui deviennent hydromorphes , l'implantation des cultures est délicate, souvent compromise  par les

Outre ses légumes il propose aussi des fruits Bio livrés par un ami landais.  Depuis peu il est aussi au nouveau marché du Jeudi à Bizanos ou vous pouvez retrouver sa belle qualité bio.



Le restaurant Plat Beroi à Coarraze fut très apprécié par le groupe Slow Food Béarn

  Associé à un magasin de producteurs, il est situé en bordure de la voie rapide à l'entrée de Coarraze face à Point Vert (tel 0559124193). Ce concept créé par un groupe d'amis d'Asson, notamment éleveurs, vient récemment d' essaimer à Billère et Tarbes, avec la même bonne réputation, pour ces "produits  d'ici" et le savoir faire. La proposition d'un menu à 2 choix et la carte sont renouvelés chaque semaine, les produits locaux très majoritaires, variant selon la saison. La fraîcheur, la richesse aromatique, et la présentation très soignée des mets, complétés par un vin de Madiran (famille Laplace à Aydie), permettent de distinguer très favorablement cette table, qui tient ses promesses en offrant un bon rapport qualité/prix. A recommander!


La chèvrerie Henri IV , chemin de Lescudé, sur les hauts de Coarraze.

    Descendant d'un très vielle famille de Coarraze, Ingénieur Agronome , Guillaume Ryckbosch a d'abord exercé en d'autres lieux et notamment en Bourgogne ou il a découvert l'esthétique des blanches chèvres Saanen (Suisses d'origine),D réputées pour leur très bonne productivité laitière. Revenu en Béarn pour occuper à  Pau un poste pour la gestion et l'entretien du végétal dans une ville particulièrement fière de ses arbres. Parvenant à trouver du foncier sur ces collines de Coarraze d'où l'on a une vue magnifique sur la plaine en amont de Nay et son exceptionnel panorama sur fond montagnard pyrénéen. Le vert exubérant  du Béarn y domine  et sur ce fond idyllique, un troupeau de chèvres blanches s'impose rapidement lorsqu'il commence  a imaginer son projet d'installation comme éleveur caprin.

    Il va pouvoir disposer de presque une vingtaine d'hectares mais très accidentés et le plus souvent boisés,avec peu de surface cultivable. Ils  se développent en contrebas du belvédère ou il construira , en privilégiant largement le bois sur les  façades, sa bergerie et quelques dépendances techniques.Avec l'avantage grâce à une application sur son portable de pouvoir localiser et suivre le cheminement journalier de son troupeau actuel, puisqu'il a opté pour un élevage extensif, en totale liberté après avoir seulement clôturé  quelques zones à risque . A cotè des saanen largement dominantes, quelques rares alpines  et un faible effectif de chèvres de race locale pyrénéenne moins productives, utilisent la richesse floristique des lieux. Un tel dispositif a permis d'obtenir sans difficulté le label HVE (Haute Valeur Environnementale).

  Sur la photo ci-contre, Guillaume présente au groupe, dans la bergerie ( on remarquera le stock de foin), sa démarche et ses activités.

 

  Installé progressivement depuis quelques années avec le soutien bienveillant de la Municipalité ou il était conseiller, ce n'est qu'assez récemment qu'il a pu abandonner son emploi à la ville de Pau. Pour ce faire , comme son troupeau reste de taille assez modeste, il a choisi d'ajouter le maximum de plus- value à sa production laitière en transformant l'essentiel du lait en produits lactiques frais ou peu affinés ( crottins avec toute une gamme d'épices et yaourts), à l'exclusion des tommes qui perdent du poids , nécessitent plus de travail et de stockage. Ceci suppose aussi une très bonne organisation des circuits courts. Outre la vente directe en bergerie 2 fois par semaine, qui a une clientèle fidélisée car l'isolement est compensé par la beauté des paysages, plusieurs marchés dont celui important des Halles de Pau, des magasins de produits locaux et surtout quelques crémeries complètent la diffusion. Ce qui nécessite ponctuellement une salariée et un stagiaire, en formation en Ardèche.

 

  La valorisation des chevreaux , essentiellement les mâles qui, comme on le voit sur les photos ,sont gardés environ 3 mois en bergerie, avec une "louve" automatisée pour préparer et distribuer à la demande le lait et du complément à base de foin pour les finir. Paradoxalement, alors que le chevreau avait disparu des habitudes alimentaires béarnaises et trouvait surtout preneur parmi les portugais immigrés, il faut s'inscrire un an à l'avance, pour pouvoir goûter cette viande délicate,  conditionnée en colis pour la vente directe.


  Pour la communication, la référence à Henri IV n'est pas usurpée puisque c'est à Coarraze, que le célèbre béarnais devenu roi de France, passa l'essentiel de sa jeunesse dans le château qui occupe encore une part importante de l'espace villageois.

  Et puis , les blanches chèvres saanen s'accordent si bien avec le panache blanc de "Nouste Henri" !